dimanche 13 juillet 2008

History of violence

La pièce est émaillée de rencontres sur les chemins : embuscade des saltimbanques par la famille Locksley, Robin prêtant main forte au Frère Tuck embourbé dans une pente, rebelles déguisés en moines dévalisant la recette des impôts... Je demande souvent aux comédiens de se mettre dans cet état de qui-vive qui prélude à toute prise de contact : cet inconnu qui surgit au détour de la piste est un agresseur potentiel. L'époque est violente, on se dévisage, on s'épie, on cherche la faille.
Mais il est difficile bien sûr de se replonger dans une atmosphère comme celle-ci : il faut mettre son imaginaire au travail. Jorge Lavelli dit que "dans un travail de formation, la seule chose qu'on peut faire évoluer, c'est l'imaginaire. Parce qu'il permet la démultiplication de soi, l'exploration de soi-même et de ses limites." Ailleurs il précise qu'il faut créer une image derrière chaque mot, chaque discours : "Une image à soi. C'est aussi cela que j'appelle concret. Sans image, pas de concret."(Jorge Lavelli, maître de stage, Lansman, 1999)


Parfois le réel se charge aussi de faire image. Ce soir, en pleine répétition des scènes de foule, je reçois un appel sur le portable. Pauline, restée au camping avec Simon, me prévient qu'il y a une bagarre générale sur le stade attenant où se déroulait un concours de pétanque. On s'inquiète pour eux, bien sûr, quelques-uns d'entre nous s'y rendent. On apprendra un peu plus tard qu'il y a des blessés. Nos jeunes ont vu cela, de loin heureusement, mais d'assez près pour constater qu'avec notre grosse bagarre d'auberge, nous sommes bien loin de la violence réelle qui a explosé entre deux groupes d'hommes, pour des motifs sans aucun doute dérisoires.
Ils n'ont pas dormi au camping cette nuit.


Découvrez Peter Gabriel!

Aucun commentaire: