Quelques gouttes percent en début de soirée, dans un ciel soudain très nuageux, et si la météo n'avait pas été optimiste, j'eusse craint pour cette représentation. Mais non, cela passe et le vent, qui commençait à agiter les peupliers du sentier de la chapelle, faiblit sensiblement.
A 21 h 45, comme convenu, costumés et maquillés, la cinquantaine d'acteurs se rassemble près de la petite maison. Le grand cercle se forme, on se compte et on lance chacun une réplique à l'adresse des autres. Court laïus pour leur demander encore une fois disponibilité et écoute, rigueur et concentration, étant entendu que celle-ci ne signifie pas se fermer sur soi-même, mais, comme le dit le metteur en scène roumain Radu Penciulescu, "avoir la capacité d'être ouvert à ce qui se passe. La concentration, c'est la vie plus intense." Il faut porter la joie au coeur des spectateurs, en entrant dans cette histoire que je n'ai montée que parce que je l'avais découverte dans la prime jeunesse, au temps des cabanes et des épées en bois. Et si les gens viennent déjà si nombreux (plus de 250 pour cette première), c'est que sans doute elle provoque un écho en eux, une résonance d'enfance, de jeux dans les arbres, de courses et de bagarres. A nous de les emmener pendant deux heures dans ce songe gai de Sherwood où les méchants sont châtiés et où les morts se relèvent à la fin.
Et au bout de cette représentation, je crois bien que le pari est gagné. Tous sont heureux, les retours sont bons. Il n'y a pas eu d'erreur majeure ; bien sûr, l'inévitable crispation d'une première a causé quelques troubles, quelques anicroches qu'on s'emploiera à éviter dès demain, mais l'essentiel est là : le courant fort qui traverse la pièce ne s'est pas arrêté. La vie était là, sur le pré, dans les ruines, sous les étoiles revenues.
Pas de photo de cette première : j'avais posé mon appareil dans la maison du seigneur, pour prendre quelques clichés depuis la porte. Et je l'ai oublié (j'espère tout de même le retrouver tout à l'heure). A la place, encore quelques belles photos d'Yvan, qui remontent à lundi, lors du premier filage complet).


Découvrez John Mayall!
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