dimanche 10 août 2008

Abécédaire 3, de l'orphelin au tonneau

Orphelin : variété d'enfant prise en charge par le frère Tuck, religieux ambigu dont on ne sait trop si sa sollicitude est générosité ou bien calcul. Thénardier saxon ou frère Térésa ? la question reste entière. A vrai dire, la bonhomie de Jean-Jacques inclinerait plutôt du côté positif. C'est la part du comédien qui ici prévaut.

Les orphelins en répétition


Pigeon : A l'origine, volatile mis à rôtir par Petit-Jean dans sa cache sherwoodienne. Mais Jean-Jacques (encore lui), préposé à la confection de la bestiole en bandes plâtrées, a pensé que le pigeon était de trop faible volume pour le spectateur et nous a donc fabriqué un poulet (ce qui nous a donc obligés à changer le texte : d'ailleurs la seule fois où Francis a commis la petite erreur de reparler de pigeon, il y eut une rumeur dans le public...).

Les lavandières (peinture à l'huile de Jean-Jacques Moteau)

Quartz : (Ampoule halogène à ) Il y en avait sur le pré, mais ceci n'est guère que prétexte pour évoquer les lumières créées par Sébastien. Travail d'orfèvre, comme on dit quand on veut signifier la précision, la méticulosité, le labeur sur une substance précieuse. Et pour Sébastien, la lumière est précieuse, matière vibratile et sensible dont les ruines se sont sertis pendant douze nuits.

Rabbit : Personnage absent de la geste de Robin Hood, que j'ai entièrement imaginé pour l'occasion. En imaginant les Locksley comme une sorte de famille de nobles brigands, un peu dans l'optique des Mauprat de George Sand, il me semblait logique de leur adjoindre un serviteur. Que celui-ci soit un être contrefait et cruel, pourvu de tous les vices, me plaisait assez. Ce caractère poussé outrancièrement me fut un régal d'écriture, et finalement je m'y attachai beaucoup, au point de lui donner un rôle crucial jusque dans le dénouement de l'intrigue. Bertrand, en s'appropriant le personnage, l'a poussé encore plus loin, en lui donnant une force comique impressionnante. Quel spectateur pourra oublier Rabbit, ombre farcesque de Robin ?


Shérif : A l'origine, je voulais partir d'une situation inverse de l'histoire traditionnelle, c'est-à-dire présenter un Robin voyou, négatif, ayant très mauvaise réputation, et un Shérif sympathique, animé par des sentiments somme toute louables de respect d'une justice impartiale. Si, pour Robin, j'ai conservé ce parti-pris, je n'en ai pas fait de même pour le shérif. La justice qu'il prétendait représenter n'avait jamais rien eu d'impartiale. La comédie exigeait une vraie figure de méchant, sadique et pervers. Francis Dusserre l'a parfaitement interprété (et il était plaisant que celui qui ne cessait d'invoquer le bourreau et d'évoquer les pires châtiments soit celui qui, en coulisses, a le plus soigné son prochain, accablé qu'il était d'entorses et de déchirures musculaires).


Tonneau : Ceux du frère Tuck, celui du castelet. C'est un accessoire que j'apprécie particulièrement. Parce que c'est d'abord un bel objet, mariant le fer et le bois, produit d'un art, signe d'une civilisation raffinée et joyeuse ; parce que c'est un objet qui roule, qui peut servir de table, qu'on peut porter, transporter, mettre en perce. Parce qu'il est associé à tout un lexique vigoureux et souvent poétique : la douelle, la barrique, la chantepleure...



« Comment a-t-on pu imaginer de faire tenir un liquide dans un montage de morceaux de bois fort difficile à assembler ? La plus grande partie des inventions humaines figurait déjà dans la nature : la maison, c'est la grotte, le bateau, c'est le tronc d'arbre qui flotte, même la roue, c'est le soleil qui roule dans l'espace. Le récipient naturel, c'est l'amphore, le vase fabriqué à l'image d'une pierre creuse, en moulant l'argile humide, ou bien c'est l'outre que l'on trouve toute faite en creusant la peau d'un bouc. Mais la barrique est bien une invention de poètes, l'imagination d'un peuple de rêveurs, insoucieux du temps et de la vie pratique, nos ancêtres les Celtes. " (Pierre Boujut, Célébration de la barrique).





Découvrez Various!

Aucun commentaire: