samedi 14 juin 2008

De Fairbanks à Baskerville

Robin Hood a beaucoup inspiré le cinéma. Le muet s'empare très vite du personnage avec Douglas Fairbanks, en 1922, dans Robin Hood de Allan Dwan.

Plus tard, avec le Technicolor de la Warner, s'impose Errol Flynn avec The adventure of Robin Hood de Michael Curtiz et William Keighley (1938). Son costume, son charme, son physique vont très profondément marquer notre perception du personnage. Le théâtre à côté fait pâle figure : sans doute a-t-il inspiré Ben Jonson (The Sad Sheperd, Le Berger Triste, 1641), mais qui connaît cette pièce ? C'est qu'il est bien difficile de rendre avec les moyens du théâtre les spectaculaires exploits du héros. C'était là une des difficultés que j'ai rencontrées dans l'écriture de la pièce. Il m'a semblé très vite que, de cette pénurie de moyens, je devais faire précisément la matière de l'oeuvre. Affirmer nettement la convention théâtrale, ne pas chercher à rivaliser dans les cascades et les effets spéciaux avec le cinéma. D'où mon idée de mettre la pièce en abîme, dès son ouverture, avec deux personnages qui n'ont a priori rien à voir avec le mythe. Paradoxe : ce sont deux personnages de cinéma. Baskerville et son élève, inspirés du film de Jean-Jacques Annaud, Le Nom de la Rose. L'ouverture du film m'était très présente à l'esprit : les deux hommes cheminant à cheval dans la campagne enneigée, et devisant librement de Dieu et du Diable.

Cinéma, oui, mais adapté d'une oeuvre littéraire, c'est-à-dire du roman éponyme d'Umberto Eco, qui lui-même, emprunte ce nom de Baskerville au grand Conan Doyle, père de Sherlock Holmes, dont on connaît le célèbre roman Le chien des Baskerville...

Aujourd'hui, dans Libération, on peut lire un article sur Lucien Jerphagnon, vieux philosophe et historien de 87 ans, qui vient de publier une étude sur Julien l'Apostat : "Ce croyant a toujours détesté les vérités inoxydables. «Les gens qui ont des certitudes sont sûrs de se coucher le soir aussi cons qu’ils se sont levés le matin», ironise Lucien Jerphagnon, qui aime à citer Guillaume de Baskerville, le héros du Nom de la rose, le roman médiéval d’Umberto Eco qu’il a lu et relu : «Le diable, c’est la foi sans sourire qui n’est jamais effleurée par le doute.» Rien de surprenant à son empathie pour l’empereur Julien malgré ses errements : «Son drame est ne pas avoir rencontré le Christ mais des chrétiens.»

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