jeudi 26 juin 2008

Parc à cochons et répondeurs


F. me laisse un message pour savoir où il faut installer le parc à cochons. Je le rappelle aussitôt. Répondeur : la vérité c'est que je ne sais pas trop, peut-être en haut du pré, près de la chapelle. Je n'y ai pas trop réfléchi en fait. J'ai réfléchi, je pense, à beaucoup de choses, mais pas à celle-ci ; et c'est souvent ainsi, on vous demande des précisions sur des aspects que vous n'avez pas approfondi, c'est votre faute et il faut répondre, souvent dans l'instant. Parfois on se trompe. Inévitablement. Mais il faut répondre, on est là pour ça.
J'ai acheté mon premier téléphone mobile en 2000, pour le théâtre, pour Vidocq, chez Bouygues, pas par gaîté de coeur mais parce que c'était le seul qui passait dans le château. Sans le théâtre, j'eusse continué de vivre sans ce fil à la patte. Mais aujourd'hui, il faut reconnaître qu'il est indispensable, en tout cas pour moi, pour cette aventure-là. On pouvait s'en passer autrefois, à la belle époque où l'on avait tout le monde ou presque sous la main, au village, à portée de voix ou de vélo. Chacun est dispersé maintenant, dans le temps et dans l'espace. Pour organiser la première répétition, combien de coups de fil ?
J'appelle M. pour avoir les numéros de M' et F' qui ne sont pas dans l'annuaire ou sur Internet. Répondeur. Message. M. me rappelle, me donne les numéros : deux mobiles. J'appelle F', conviens du lieu et de la date. J'appelle M' : le numéro n'existe pas. Je rappelle M. Répondeur : message. M me rappelle, me donne le bon numéro. Je rappelle M'. Répondeur. Message. Entre temps, j'appelle H pour le prévenir du lieu et de l'endroit, en lui précisant que cela est encore subordonné à la disponibilité de M' qui n'a pas encore eu le planning et que je n'ai pas encore eu au bout du fil. Ce sera chose faite dans la soirée et, ouf ! elle est libre pour lundi 30.
Voilà, c'est ça aussi la réalité du travail, ce temps passé sur nos engins communicants. Impossible d'aller contre, même pour moi qui, au fond, n'aime guère téléphoner, et qui préfère la communication asynchrone, la lettre, le courriel, le billet de blog, qui laisse le temps du recul, de la pensée. Mais je dois moi-même bousculer, être intrusif, et me résoudre à l'être aussi régulièrement.
Tiens, par exemple, j'aimerais bien être dérangé par Suzanne et Carole, nos deux jeunes costumières. Je suis sans nouvelles depuis plusieurs jours et cela m'inquiète.

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