mardi 29 juillet 2008

Orage

Il est monté vers 21 h 30, prenant d'assaut la forteresse, la cernant d'éclairs et la criblant de lourdes gouttes de pluie éclatant sur la toile des ramées. Tassés à l'auberge, les spectateurs ont attendu patiemment que le grain ait moulu sa substance, et qu'un coin de ciel pur se soit levé à l'occident. Alors on a distribué les rouleaux de sopalin et chacun a essuyé son siège. Seuls quelques-uns ont fui, et à 22 h 30 nous avons pu commencer. L'installation électrique, bien protégée, a tenu bon. Quand une représentation a failli être annulée, c'est encore meilleur de la mener au bout, de disputer aux intempéries la suprématie du ciel. Enfin, on ne fait pas les malins, on se méfie, on raccourcit l'entracte, on abrège la taverne.


Hommage donc à ceux qui ont dû aller au sol, parce que leur rôle le demandait, et qui se sont donc largement trempés. Ceux qu'on assomme, qu'on rudoie, qu'on jette à terre. Parmi eux, mes hommes à tout faire, Stéphane et Jean-Luc. Ils n'ont pas de grand rôle à défendre, mais ils interprètent plusieurs personnages secondaires de l'histoire. Secondaires, mais essentiels. Stéphane, de père saltimbanque, devient garde de Gisbourne deux scènes plus tard, puis redevient saltimbanque et cracheur de feu avant de finir routier dans la deuxième partie.
Jean-Luc, lui, est un garde, qui se fait copieusement rosser dans la bagarre d'auberge, puis se fait héraut du roi Jean à la fin de la première partie, avant de finir lui aussi routier dans la seconde (où il se fait assommer pas moins de trois fois).


Hommage aussi à un autre comédien multicartes : Claude, dont c'était la première fois qu'il jouait à nos côtés, et qui a gentiment accepté d'endosser tous les rôles que je lui ai destinés. Apparitions brèves le plus souvent : aubergiste dans la bagarre, badaud embarqué lors d'une rafle alors qu'il n'a rien à y voir, et surtout Jean sans Terre et Richard Coeur de Lion. Oui, deux rois à lui tout seul. Comme pour dire que de l'un à l'autre, il n'y avait au fond guère de différence pour le menu peuple des forêts.


Découvrez Bob Dylan!

Aucun commentaire: