vendredi 25 juillet 2008

Première !

Elles sont lourdes, ces heures qui précèdent la première. On les passe à vérifier toute l'installation dans les moindres détails. On emprunte une visseuse pour consolider le castelet, on fait des tests de son, on prépare un sac de jute empli de ballots et d'étoffes pour remplacer en définitive les petits cochons dont la gestion s'avère compliquée, on jette un dernier regard sur son texte, on refait mentalement ou physiquement son parcours... Et pendant ce temps, l'auberge - la Taverne de Petit-Jean - est dans la fièvre de la préparation, on s'active autour des fourneaux, on reçoit les fournitures, on dresse les tables, on répartit les réservations... Certains, comme Jean-Jacques, sont au four et au moulin : le frère Tuck est le grand préposé à la friteuse. C'est à ce prix que l'on propose un repas de qualité avec plusieurs choix possibles, pas un de ces plateaux-repas sous plastique que l'on a souvent l'habitude maintenant de rencontrer dans les spectacles de plein air, mais un vrai repas servi à table, avec une vraie vaisselle (et pas de machine à laver la vaisselle) et de bons produits locaux.

Le grand cercle avant la séance (filage de lundi)

Quelques gouttes percent en début de soirée, dans un ciel soudain très nuageux, et si la météo n'avait pas été optimiste, j'eusse craint pour cette représentation. Mais non, cela passe et le vent, qui commençait à agiter les peupliers du sentier de la chapelle, faiblit sensiblement.

A 21 h 45, comme convenu, costumés et maquillés, la cinquantaine d'acteurs se rassemble près de la petite maison. Le grand cercle se forme, on se compte et on lance chacun une réplique à l'adresse des autres. Court laïus pour leur demander encore une fois disponibilité et écoute, rigueur et concentration, étant entendu que celle-ci ne signifie pas se fermer sur soi-même, mais, comme le dit le metteur en scène roumain Radu Penciulescu, "avoir la capacité d'être ouvert à ce qui se passe. La concentration, c'est la vie plus intense." Il faut porter la joie au coeur des spectateurs, en entrant dans cette histoire que je n'ai montée que parce que je l'avais découverte dans la prime jeunesse, au temps des cabanes et des épées en bois. Et si les gens viennent déjà si nombreux (plus de 250 pour cette première), c'est que sans doute elle provoque un écho en eux, une résonance d'enfance, de jeux dans les arbres, de courses et de bagarres. A nous de les emmener pendant deux heures dans ce songe gai de Sherwood où les méchants sont châtiés et où les morts se relèvent à la fin.

Les saltimbanques en chemin vers le village


Et au bout de cette représentation, je crois bien que le pari est gagné. Tous sont heureux, les retours sont bons. Il n'y a pas eu d'erreur majeure ; bien sûr, l'inévitable crispation d'une première a causé quelques troubles, quelques anicroches qu'on s'emploiera à éviter dès demain, mais l'essentiel est là : le courant fort qui traverse la pièce ne s'est pas arrêté. La vie était là, sur le pré, dans les ruines, sous les étoiles revenues.

Pas de photo de cette première : j'avais posé mon appareil dans la maison du seigneur, pour prendre quelques clichés depuis la porte. Et je l'ai oublié (j'espère tout de même le retrouver tout à l'heure). A la place, encore quelques belles photos d'Yvan, qui remontent à lundi, lors du premier filage complet).

Robin et Rabbit, son vieux serviteur

Les lavandières à l'étendage (parmi elles, Jenny/Jackie dont l'anniversaire coïncidait avec cette première et que l'on fêta ensuite avec les bougies flottant sur les battoirs du lavoir)

Le castelet : l'aubergiste se fait rosser par la marionnette de Guy.



Découvrez John Mayall!

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